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Intervention de M. Özdemir, président du groupe Alliance 90/Les Verts, le 22 janvier 2018 à Berlin

Monsieur Cem Özdemir (ALLIANCE 90/LES VERTS) :

Monsieur le Président du Bundestag, Monsieur le Président, cher François de Rugy, Mesdames et Messieurs les Députés, bienvenue à Berlin ! Chers collègues, j’ai grandi à Bad Urach, à 150 km à peine de la frontière française. À une époque pourtant, cette frontière m’était fermée. Pas question d’excursions vers Strasbourg, pourtant tout proche, au seul motif que j’étais détenteur d’un passeport turc et ne pouvais donc pas passer la frontière. Cela pour dire que le secret de l’Europe, c’est l’ouverture et non le cloisonnement. Tel est l’enseignement à tirer d’une époque où les gens ne pouvaient se déplacer au cœur de l’Europe.

Chaque fois qu’il est question d’Europe dans cette enceinte, nous devrions nous rappeler qu’il est question de l’avenir d’une grande idée, peut-être même de la plus grande idée depuis la création des Nations unies. Mesdames et Messieurs, notre collègue vient de le dire très justement : ce lieu n’est pas aujourd’hui celui des petites querelles de politique intérieure, de politique partisane – mais alors, cher Christian Lindner, autant se tenir à ce principe dans son intervention.

Aujourd’hui est un jour historique pour la France, un jour historique pour l’Allemagne et un jour historique pour l’Europe. C’est aussi un grand jour pour la démocratie parlementaire car, alors que notre pays, l’Allemagne, attend depuis quatre mois d’avoir un gouvernement, les parlementaires que nous sommes avancent ensemble. Je veux donc profiter de cette occasion pour remercier une fois encore chaleureusement, au nom de tous, chacun de ceux qui ont pris part à l’élaboration de cette résolution.

Le Brexit, la présence de partis nationalistes et populistes de droite dans certains gouvernements européens, mais aussi d’ennemis de l’Union européenne à l’extérieur de celle-ci, notamment à Moscou, nous montrent que le projet européen ne connaît pas que la marche avant. Et comme nous l’avons entendu, lorsque les parlementaires de nos deux parlements prendront ensemble la route de Paris, un groupe ne sera pas du voyage : l’AfD. Ce groupe refuse un nouveau Traité de l’Élysée, ce document historique qui a scellé la paix en Europe et dont nous commémorons l’adoption. Il craint – je cite – que la souveraineté nationale de l’Allemagne ne soit un peu plus vidée de sa substance.

Celui pour qui l’Europe est une perte plutôt qu’un profit n’a pas compris l’idée européenne, Mesdames et Messieurs. Il n’a pas compris que la paix et la prospérité en Europe ne sont pas tombées du ciel, qu’elles sont le fruit d’un travail acharné, et que la clé du vivre ensemble n’est pas l’affrontement. C’est pourquoi notre Bundestag allemand s’inscrit aujourd’hui dans la tradition de De Gaulle et Adenauer, de Giscard d’Estaing et Schmidt, de Mitterrand et Helmut Kohl.

2018 est une année-clé pour l’Europe. Usons de chaque jour de cette année pour raffermir les fondations de la maison européenne, pour la protéger des intempéries : des crises économiques et monétaires, des délires séparatistes, des climato-sceptiques et du poison populiste de droite.

La réponse de l’Allemagne doit être « plus d’Europe » et pas « moins d’Europe ». L’année dernière, la France a failli tomber dans les griffes de Marine Le Pen et de ses amis populistes de droite. Aujourd’hui, nous avons face à nous un président qui a célébré sa victoire aux accents de l’hymne européen. Quel geste grandiose ! Quelle chance exceptionnelle !

Mesdames et Messieurs, il est une autre chose que nous ne devons pas oublier aujourd’hui : tournons-nous vers nos partenaires polonais. Ce n’est pas toujours commode ces temps-ci, mais c’est la seule voie vers une Europe réunie. Aujourd’hui, l’Allemagne et la France vont de l’avant mais c’est ensemble seulement que nous pourrons parvenir au bout de la route.

Vielen Dank. Merci beaucoup.

Monsieur Wolfgang Schäuble, président :

La parole est à M. Alexander Dobrindt, pour le groupe CDU/CSU.